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La leçon stéphanoise


Auteur de l'article : La leçon stéphanoise
Rédigé par Patrick Planchenault

Qu’il semble loin le temps où la nouvelle gauche Nupes, aux alliances improbables, c’est vrai, bâtie à la hâte sous la férule de l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon, avançait en ordre serré, avec l’unique objectif (atteint) de priver Emmanuel Macron d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale. Deux ans plus tard, les mêmes alliés ne peuvent plus se voir en peinture. Au point de se la jeter à la figure.  Dernier exemple en date, la violence avec laquelle la tête de liste du Parti socialiste et de Place publique aux européennes, Raphaël Glucksmann a été empêchée de rejoindre le cortège du 1er mai à Saint-Etienne, ce mercredi. Essuyant dès son arrivée dans la capitale du Forez, quolibets ("Glucksmann, casse-toi", "PS salaud" ou encore "Palestine vivra"), jets de peinture et de cannettes. Contraint de renoncer à manifester auprès des salariés de Casino, qu’il était venu soutenir, le candidat qui monte dans les sondages au fur et à mesure que l’échéance du
9 juin se rapproche, n’a pas hésité à durcir le ton (pas vraiment dans sa nature) et pointer une bande "d’énergumènes", tout droit sortis des rangs de la Révolution permanente (un mouvement trotskiste), de la France Insoumise et des jeunesses communistes. Il n’en fallu pas plus pour que le "Lider Maximo" Mélenchon sorte de ses gonds et accuse Glucksmann d’avoir "parlé sans réfléchir" en accusant "à tort LFI". D’autant que dans un message sur X, les jeunes communistes de la Loire ont publié la photo d’une banderole fort peu amène à l’endroit de l’essayiste quadragénaire - "Glucksmann dégage" - ce qui vaut revendication aux yeux de Mélenchon et de ses troupes insoumises. C’est pas lui, ce sont les autres…

Le constat est clair. Outre qu’il laisse apparaître au grand jour les fractures béantes dans les rangs de la gauche française, ce triste épisode stéphanois témoigne aussi et surtout de la violence du débat – et du combat - politique dans notre pays. "Il est temps de remettre le tabou de la violence sur les personnes à l’ordre du jour. Temps d’arrêter de jouer avec le feu comme le font Jean-Luc Mélenchon et d’autres chaque jour", peste dans une série de messages sur X,  Raphaël Glucksmann, inquiet visiblement de la "brutalisation de la vie publique".

Et pour cause. À cinq semaines d’un scrutin pourtant majeur pour les Européens, il n’est pas sûr que cette débauche d’invectives et de croche-pieds en tous genres sur la scène nationale invite les Français à retrouver le chemin des urnes, qui plus est pour une élection qu’ils ont traditionnellement tendance à bouder. "À ceux qui sont en train de brutaliser le débat public, je donne rendez-vous le 9 juin", tonne "l’exfiltré" de Saint-Etienne, que les sondages donnent toujours en 3e position (14%), en embuscade derrière la candidate de la majorité présidentielle, Valérie Hayer (17%). Mais loin, très loin derrière le Rassemblement national conduit par Jordan Bardella, promis à une victoire sans appel.
La faute à qui ?


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